GAZA : Trump en soutien total à l’extrême droite israélienne
Israël a dit jeudi préparer un plan pour un départ « volontaire » de Palestiniens de la bande de Gaza, malgré le tollé international provoqué par une proposition de Donald Trump d’une prise de contrôle américaine du territoire palestinien

L’un des médiateurs, l’Egypte, a estimé que le soutien israélien au plan Trump menaçait ces négociations censées préparer la deuxième phase de l’accord de cessez-le-feu.
Cet accord a déjà permis la libération de 18 otages retenus à Gaza et d’environ 600 Palestiniens détenus par Israël. De nouvelles libérations sont prévues samedi, avaient annoncé des sources du Hamas la semaine dernière.
M. Netanyahu a qualifié de « remarquable » l’idée de M. Trump. Evoquant sa rencontre avec le président américain, il a déclaré ensuite penser « qu’il faut bien étudier cette idée, qui est la plus originale qui a été proposée depuis des années », dans une vidéo sur X.
Son ministre de la Défense, Israël Katz, a déclaré avoir « ordonné à l’armée de préparer un plan qui permettra à tout Gazaoui le souhaitant de partir vers n’importe quel endroit du monde qui accepte de l’accueillir ».
Israël a pris de vastes secteurs de Gaza et contrôle toutes les sorties du territoire où il assiège quelque 2,4 millions de Palestiniens depuis octobre 2023. La guerre y a fait des dizaines de milliers de morts et provoqué des destructions colossales.
L’armée israélienne a par ailleurs annoncé jeudi avoir frappé au Liban « deux sites militaires qui contenaient des armes du Hezbollah », alors que la date de son retrait du sud du territoire libanais a été repoussée précédemment au 18 février.
– « Complètement absurde »-
En lançant l’idée d’une prise de contrôle américaine de Gaza afin de la reconstruire et d’en faire la « Côte d’Azur du Moyen-Orient », M. Trump a répété que ses habitants pouvaient être déplacés vers l’Egypte et la Jordanie, qui ont pourtant rejeté cette option.
Jeudi, il est revenu à la charge. Gaza sera « remise aux Etats-Unis par Israël à la fin des combats », ajoutant que, d’ici là, les Palestiniens « auraient déjà été réinstallés » ailleurs dans la région. « Aucun soldat américain » ne sera nécessaire pour ce faire.
Le département d’Etat américain a annoncé jeudi que Marco Rubio se rendrait en Israël, aux Emirats, au Qatar, et en Arabie saoudite à la mi-février, pour ce qui sera le premier voyage du secrétaire d’Etat dans la région.Même s’il reste flou, le plan Trump met surtout en péril l’idée d’une solution à deux Etats pour régler le conflit israélo-palestinien vieux de plusieurs décennies, défendue par une large partie de la communauté internationale mais à laquelle Israël est opposé.
Et pour l’ONU, ce plan est illégal au regard du droit international.
« Tout transfert forcé ou déportation hors des territoires occupés sont strictement prohibés », a souligné le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Volker Türk.
La proposition de M. Trump est « illégale » et « complètement absurde », a dit la rapporteure spéciale de l’ONU en charge des territoires palestiniens, Francesca Albanese.
« Il est essentiel d’éviter toute forme de nettoyage ethnique », a dénoncé le patron de l’ONU, Antonio Guterres.
Face au tollé, le secrétaire d’Etat américain Marco Rubio a dit « encourager » les pays qui critiquent le plan Trump « à apporter une solution et une réponse au problème ».
– « Vivre ou mourir ici » –
L’Egypte et la Jordanie, qui reçoivent des aides américaines cruciales, et l’Arabie saoudite, poids lourd du Moyen-Orient, ainsi que d’autres pays arabes et occidentaux ont rejeté le plan américain. Le roi de Jordanie Abdallah II doit rencontrer M. Trump mardi à Washington.
Dans la bande de Gaza, de nombreux déplacés palestiniens qui ont retrouvé leurs maisons en ruines ont dit à l’AFP exclure tout départ.
« Nous n’avons qu’une option: vivre ou mourir ici », déclare Ahmed Halassa, un habitant de Gaza-ville. « Ils peuvent faire ce qu’ils veulent. Nous resterons dans notre patrie. »
La première phase de l’accord de trêve a permis « une augmentation massive » de l’aide humanitaire avec l’entrée de « plus de 10.000 camions » à Gaza depuis le 19 janvier, selon l’ONU.
La deuxième phase est censée permettre la libération des derniers otages et mettre fin à la guerre, avant une dernière étape consacrée à la reconstruction.
Le Programme alimentaire mondial a appelé « tous les donateurs » à l’aide pour nourrir les Gazaouis et reconstruire le territoire palestinien. « L’ampleur des besoins est gigantesque. »
Sur les 251 personnes enlevées durant l’attaque du 7-Octobre, 76 sont toujours retenues à Gaza, dont au moins 34 mortes selon l’armée.
Cette attaque a entraîné la mort de 1.210 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP basé sur des données officielles.
L’offensive israélienne de représailles a fait au moins 47.583 morts à Gaza, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l’ONU.
